Première lumière du 500

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Compte rendu assez long mais pas mal de choses à dire

Comme certains d'entre vous le savent, j'ai commandé un Dobson de 500 auprès des artisans Franck Grière (Mirrosphère) pour la partie optique et Pierre Desvaux (Dobson Factory) pour la partie mécanique.
Comme à priori je n'aurai pas de plus gros télescope par la suite, j'ai mis le paquet niveau qualité.

Et ça se mérite!
Commandé en janvier 2013, le télescope était prêt en octobre 2015, à cause notamment de la longue liste d'attente.
J'ai été le chercher chez Pierre Desvaux le 31 octobre, faisant l'aller-retour Paris-Blanzy (sud de la Bourgogne) dans la journée.

Franck Grière a réussi à me faire un bon miroir avec un F/D plus court que prévu (3.9 au lieu de 4) tout en gardant une forme générale de grande qualité (lambda/14) et un état de surface top niveau (Strehl de 0.98 et lambda RMS/46). Connaissant le sérieux de Franck Grière, je ne m'inquiète pas pour l'exactitude de ces chiffres.
J'ai commandé des aluminures Hilux pour les 2 miroirs ce qui porte le pouvoir réflecteur de chacun à 96% au lieu de 89%. Du coup en termes de lumière ce 500 équivaut à un 540.

Le défi pour Pierre Desvaux était de rendre le télescope suffisamment compact pour qu'il passe les plus étroites portes rencontrées entre mon domicile et la voiture, à savoir celles de l'ascenseur (68cm de large). Il a relevé le pari avec succès avec une largeur hors-tout maximale de 61 cms du quasi carré formé par le rocker. La pièce la plus large est l'anneau de la cage secondaire de 64cms de large.
L'ensemble doit passer dans une Dacia Sandero dont le coffre a une capacité de 350 litres en mode banquettes non rabattues.
Par contre le poids de l'ensemble n'est pas aussi léger que je l'espérais. Je m'attendais à un poids total d'une cinquantaine de kilos, mais on est plutôt vers 70 comme j'ai pu le mesurer à partir des divers éléments :
- Miroir primaire : 25.7kgs (Suprax de 57mm d'épaisseur, miroir épais pour limiter les flexions à ce rapport F/D déjà court).
- Rocker : 16.7kgs
- Caisse primaire avec barillet : 13.8kgs
- cage secondaire (sans chercheur de 0.7kg monté après) : 7.7kgs
- tubes carbone et tiges de collimation par l'avant : 3.7kgs
- Je n'ai pas pesé les tourillons et leur entretoise car dans la voiture à ce moment, mais ça semble de l'ordre de 5kgs
=> environ 72kgs pour le total.
Il faut aussi rajouter le poids de l'indispensable boîte de transport du miroir dont je parlerai après : 3.0kgs.

Je pensais faire la première lumière en novembre, mais me suis rendu compte que la solution de transport initiale était trop périlleuse. Elle avait heureusement fonctionné pour ramener le télescope dans mon appartement.
En effet, le télescope était monté dans le coffre via 2 rampes métalliques façon guides de maçon de 2.3m de long, entre lesquelles il fallait à chaque voyage monter/démonter 2 entretoises pour garantir leur parallélisme, indispensable pour éviter l'accident des rampes qui s'écartent et le télescope qui se fracasse au sol.
Comme rien n'est simple, le fond du coffre n'est pas à la hauteur de la garde du hayon, il se trouve 19cms plus bas. Pierre m'a donc bricolé lors de la réception du télescope une plateforme compensant cette différence de hauteur.
Vous pouvez la voir sur la photo :

. La garde du hayon est déjà à près de 70cms du sol, d'où un angle de 21 degrés sur les rampes. Ca s'avère déjà beaucoup pour hisser le rocker + primaire + caisse dans le coffre.

Afin d'éviter que les rampes ne glissent de la plateforme, j'ai percé un trou dedans et fixé une vis sur chacune qui traverse l'épaisseur de la plateforme et vissée avec 2 boutons maisons en bois avec écrou à frapper comme axe.

Mais dans les faits ça ne marche pas car :
- la position de la plateforme dans le coffre tant en profondeur que latérale doit être précise pour avoir la place de visser les rampes sur la plateforme. Et aussi laisser la place pour l'escabeau. Je n'ai pas retrouvé la bonne position.
- Le montage et démontage des rampes prend du temps malgré les gros boutons maison.
- Les rampes prennent beaucoup de place en longueur dans la voiture (banquette arrière 2/3-1/3 prévue dès l'achat du véhicule en 2010) et passent vraiment limites dans la diagonale en 3D de l'ascenseur.
- Et surtout j'ai un escalier de 2 marches à franchir dans le hall de l'immeuble.
Pierre m'avait fait pour cela une rampe en bois un peu plus large que le télescope, mais il y a trop d'angle pour l'utiliser, et ça prend de la place dans la voiture. J'avais réussi à utiliser les rampes métalliques pour franchir ces marches en revenant de Bourgogne, mais ça a failli se terminer en catastrophe pour les descendre à la 1ère tentative de sortie.

J'ai finalement trouvé LA SOLUTION gagnante sur tous les points : le miroir primaire est transporté à part.

J'arrive à soulever sans trop de problèmes ce dernier. La boîte de protection initiale faisait 7 bons kilos. j'ai gardé les parois latérales, qui sont 1mm plus courtes que l'épaisseur du miroir, du coup ce dernier se retrouve auto calé par le chanfrein sur la plaque carrée en contact. J'ai remplacé les 2 faces dessus-dessous en lourd bois aggloméré par du contreplaqué de 10mm aussi résistant mais plus léger, et ai installé 4 roues dessous et 2 poignées solides avec renfort à l'intérieur de la boîte. L'ensemble est fermé par 4 tiges filetées passant dans toute l'épaisseur de la boîte via des tasseaux, et bloqué avec des boutons maison.
Poids total 3.0 kgs. Les 4 kilos gagnés sont précieux pour le portage de l'ensemble sur courtes distances (1m grand max).

Quelques photos de cette boîte :

En position voyage, avec sangle pour la tirer sans devoir se baisser. Les 2 écrous à frapper dans le coin bas-gauche permettent de fixer une cale amovible. Cette dernière est démontable pour permettre de glisser le dos du miroir sur la plaque sur laquelle sont fixées les 3 cales, afin de pouvoir facilement le prendre par le dessous pour soulever ses 25kgs, et ce sans risque de toucher la surface optique. La flèche à droite permet de respecter l'alignement avec les trous de l'autre face de la boîte.


A gauche la partie basse de la boîte(les roues sont dessous). La surface optique est protégée par la plaque de dessous et le miroir calé par les cales latérales situées sur la plaque de dessus. Rien ne touche la surface optique.
Au milieu les tiges filetées avec écrous borgnes collés à l'araldite lente, traversant l'épaisseur de la boîte donc les 4 tasseaux collés vissés.
Et les boutons maison (écrou frappé sur un arrondi de bois).
En position déballage, je retourne la boîte dessus-dessous avant de dévisser les boutons qui se retrouvent alors faciles d'accès au dessus.
Le miroir repose alors sur la plaque de droite face optique dessus et retenu latéralement par les cales.

J'ai bien sûr vérifié qu'il n'y a pas eu de rayures engendrées par ce système y compris après mon premier test de chargement dans la voiture.


L'une des 4 roues de dessous de boîte.


Bon je me suis pas mal appesanti sur la boîte, mais n'oublions pas l'impact positif sur tout le reste :

- Cet élément étant séparé des autres, tout le reste est portable facilement par un poids-plume dans mon genre, chaque élément un à un, le temps de passer des escaliers ou la garde de coffre. Ensuite, la base est roulante pour amener tout ça à la voiture à 20m de la sortie de l'immeuble.
Eléments distincts : rocker, caisse primaire, caisse miroir, cage secondaire, tubes carbone et escabeau de 1.7m de long.

- Je peux désormais me passer des rampes et de la plateforme de coffre, et du coup grâce à la hauteur économisée le rocker + caisse primaire rentrent dans le coffre sans devoir rabattre la banquette 2/3 donc l'ensemble est calé! Ils rejoignent dans le coffre les tourillons et leur entretoise démontée afin de minimiser la place occupée.

- Je peux sortir la boîte du miroir plusieurs heures avant observation sur mon balcon pour préparer la mise en température

- le montage-démontage du miroir la nuit, comme testé sur le terrain, est finalement nettement moins dangereux pour le miroir et moi que l'utilisation des rampes. Le temps de portage est limité à quelques secondes.

- Le miroir étant stocké face optique dessous, les saletés qui auraient pu se poser dessus pendant l'observation tomberont d'elles-mêmes sur le fond de boîte.

- le temps de montage-démontage du primaire est nettement inférieur à celui de gestion des rampes.

La plateforme de coffre est désormais recyclée pour loger la boîte du miroir primaire dessous. L'ensemble est rangé bien compact dans mon appartement :



La cale pour bloquer la porte de l'ascenseur cale là le rocker. Remarquez aussi le mot repère "cale" pour retrouver la position sous laquelle glisser 3 cales sans devoir se baisser au ras du sol pour les repérer.

Superbe housse anti-poussière (duvet 1èr prix Décathlon)!


Y compris pour l'escabeau devenu l'ami du frigo.


Et la même protection pour les tubes carbone et collimation par l'avant :


et sans housse pour montrer le ratelier fourni par Pierre pour ordonner tout ça :

Dans le duvet rouge c'est mon Strock de 254mm.

Rangement dans la voiture :
Dans le coffre côté gauche, le rocker et la caisse du primaire. Banquette 2/3 non rabattue
Dans le coffre côté droit, les tubes carbone et l'escabeau, chacun dans son duvet protecteur. Banquette 1/3 rabattue.
L'ensemble est attaché aux points d'ancrage de coffre et calé à l'avant de la voiture par le dos du siège passager avant partiellement replié.
Siège passager arrière gauche : boîte du miroir primaire et posé dessus la cage du secondaire, chacun attaché par une ceinture de sécurité mais déjà calé sur le dos du siège conducteur.
Il reste de la place derrière les sièges avant et sous la banquette 1/3 partiellement repliée pour les accessoires astro, vêtements chauds et diverses bâches et les 2 sièges escamotables de l'escabeau. Mais à mettre AVANT tout ce qui précède!

Par contre entre le moment où je sors de leur position de rangement les morceaux du Dobson, et celui où je tourne la clé de contact pour démarrer la voiture, il s'écoule 30 minutes.

Pour sa première lumière, la météo annonçant un ciel voilé ce samedi 19 décembre, mais sans risque de pluie, je décide de tenter un site plus proche que mon site habituel. Ca sera juste une nuit de test. Ce nouveau site sera adapté pour observer les planètes mais pas le ciel profond car encore dans le halo de la banlieue parisienne (Bortle 5). Il présente l'avantage d'être à la campagne à 20 minutes de route et sur une route de champ herbeuse, de permettre d'être tranquille et à côté de la voiture, conditions que n'a pas mon site actuel dans le bois de Vincennes.

Le site tient ses promesses. Le télescope est déchargé du coffre sur une grande bâche évitant de salir les divers morceaux. Cette phase dure 5 minutes.
la mise en place des cales sous le rocker et le levage de la caisse pour installer les tourillons ne sont qu'une pure formalité car le miroir primaire n'étant pas installé, ils sont alors faciles à soulever.

levage partie avant caisse


levage partie arrière caisse

J'en profite pour monter les tourillons. J'ai dû numéroter les vis de fixation et les trous de réception car certaines sont plus courtes et certaines ont des contre-écrous pour éviter un blocage sur les retenues latérales des tourillons.
On voit ces retenues ci-dessous sur la pièce avec les caches de vis dorés :

Puis j'enlève les cales. Bien + facile que quand le primaire est en place! Pas de déséquilibre même avec les tourillons en place sur les patins téflon.

La mise en place du miroir en tenant compte de l'ouverture de sa boîte de protection n'excède pas 3 minutes, ressérrage des boutons de retenue du miroir dans la caisse inclus. Ces boutons remplacent les écrous de la photo ci-dessous et permettent un serrage ferme et rapide.


Puis vient le montage des tubes Serrurier retenus 2 à 2 dans une rotule. Il faut là aussi suivre la numérotation. Il y en a 4 à visser et 4 à fixer en refermant une attache rapide de vélo.
Je galère sur l'une de ces 2 attaches vélo car trop ouverte et du coup un contact entre la tige et l'intérieur de la poignée empêche de la refermer.
Il me faudra 5 minutes pour le débloquer. A régler ou limer un peu.
On les voit en noir ci-dessous :


Puis télescope à la verticale, j'installe la cage secondaire, moment délicat facilité par les fixations par le haut du système de serrage, avec des boutons imperdables (ficelles les attachant à la cage secondaire). On voit l'un de ces boutons ci-dessous, au niveau des tubes carbone.

Ma grande taille m'aide dans la manip car les 7kgs de la cage se font vite sentir. L'escabeau peut aussi aider, notamment au démontage que j'ai trouvé plus difficile.

J'habille ensuite le télescope de sa jupe noire en tissu extensible. J'ai mis un repère dessus au niveau de l'ouverture du porte-oculaire pour savoir le sens haut-bas et intérieur-extérieur. L'opération serait peut-être plus facile avant montage de la cage secondaire et l'aide de l'escabeau, car sinon ça accroche. A voir au prochain montage.

Puis le chercheur est vite rajouté ainsi qu'un pare-buée maison à base de tapis de camping fixé par velcro, mais efficacité à voir. En tous cas beau pare-lumière! J'ai monté à l'envers le support du chercheur par rapport aux télescopes chinois afin que la patte de retenue joue réellement son rôle.


Je dois un peu rebaisser la jupe pour la collimation, faite au laser monté sur Paracorr après approche via tube percé (mais le réglage était OK pour l'approche) car de nuit j'ai du mal avec les autres méthodes (sauf fignolage sur Polaire) et tiens à garder mon adaptation nocturne commencée à l'extinction des phares de l'auto.
Pas d'accès à la Polaire cette nuit, pas de trouées de ce côté.

Au total depuis que j'ai arrêté le moteur, ça fait presque une heure!

J'ai parlé de première lumière, elle se fait à travers des voiles moins épais et déjà annonce une optique de compétition.

Mon premier objet sera Pollux suivi de Castor et de Procyon. Avec le Nagler 26, 85x, les images sont tranchées avec des aigrettes très fines et un bon contraste par rapport au fond du ciel. Je rappelle que j'observe dans un voile. A 201x avec le Nagler 11, je m'attendais à ce que ça turbule énormément à travers les cirrus, mais c'est pas mal du tout et Castor est bien séparée et esthétique.
Je n'ai pour le moment pas poussé davantage le grossissement car je dois aussi m'habituer au suivi plus dur qu'au Strock, surtout que j'étais sur des cibles vers 60° de hauteur.
La visée coudée du chercheur est très pratique, pas besoin de descendre de l'escabeau pour regarder dedans.

En fin de séance, M42 ressort un peu sur ciel voilé. Je vois à 85x ses principales volutes vertes aussi bien qu'au 250 en ciel urbain. Là ciel voilé avec encore de la pollution lumineuse.

Au niveau de la position d'observation,je peux observer jusqu'à 50° de haut assis sur le siège + repose pied amovibles bricolés pour l'escabeau. Plus haut c'est debout appuyé sur l'escabeau, mais ce dernier calé avec 2 barres ajoutées à ses pieds est très stable et agréable. La nouvelle planchette éclairée tient aussi ses promesses.

La collimation a bien tenu entre horizon et zénith, mais le support du chercheur et la poignée de manoeuvre du télescope se sont un peu déserrés.
Je les ai reserrés depuis fermement chez moi après ajout de frein-filet.
De même les écrous de fixation des roues de la boîte du primaire se sont déserrés à cause des vibrations lors du roulage, là j'irai carrément les coller à l'araldite.

Le démontage et le rangement dans le coffre se sont faits plus vite, je dirais une demi-heure.
J'ai dû commencé à remballer à 3h45, et j'étais au lit à 5h.

Donc le temps de rangement et montage va sûrement descendre encore.

Je ne sais pas si ce sera suffisant pour envisager avec cet instrument les séances d'observation pure de 2h en semaine, ou s'il faudra se cantonner aux longues nuits de week-ends et vacances. L'avenir et la prise en main du 500 me le diront.


Ah oui, quelques photos du télescope monté dans le salon :






Ajout du 3 mars 2016 :

Le rangement dans la voiture (Dacia Sandero) en images :
Dans le coffre à gauche la base, le rocker, la caisse du primaire sans le miroir.
A droite au dessus des tourillons démontés à plat, le bout de l'escabeau dans le duvet bleu et les tubes carbones du Serrurier dans le duvet rouge.



Banquette arrière côté conducteur :
de bas en haut : mallette de ma lunette solaire sous le siège, boîte à miroir du primaire avec le miroir dedans, gros sac avec toutes les bâches et un siège escamotable pour escabeau, pare-buée et cage secondaire. Attachés avec les ceintures de sécurité.


Banquette arrière côté droit :

l'escabeau dans le duvet bleu et les tubes carbone du Serrurier dans le duvet rouge.


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