Nuits cristallines estivales du Coquimbo : épisode 9

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Nuit du 4 au 5 février 2011

Nuit 9 : du 4 au 5 février 2011. 14 dessins, observations 5805 à 5818
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La nuit démarre sur les chapeaux de roue avec la galaxie NGC7496 dans la Grue, à 1° est de thêta. Il faut se dépêcher de l'observer car la constellation plonge vite vers l'horizon en cette saison.
Souvenez-vous, la Grue est sous le Poisson Austral, constellation automnale à la maison, et nous sommes en février.

De magnitude 11.1, elle montre à 109x une barre faible d'où émerge un petit centre nettement plus lumineux.


Raymond, Jeff et Névé parlent de la pollution lumineuse. Même au Chili elle grossit, notamment à cause d'agriculteurs qui ont cru voir là une hypothétique parade contre les voleurs de plantations.
J'essaie de chasser au mieux les pensées pessimistes que m'évoque ce sujet, et pour cela, je fais diversion en pointant le "Crayon" NGC2736, partie la plus brillante du Rémanent des Voiles, pour notre groupe au télescope 406.

Après avoir admiré une nouvelle fois cette nébuleuse, je pars en quête d'amas ouverts du Grand Chien à 3° au nord-est de tau.

NGC2367, observé à 150x, est un bel amas ouvert brillant de magnitude 7.9, avec des écarts de magnitude significatifs. Il montre des étoiles assez brillantes(magnitude 9.4) à perceptibles dans une forme de bouteille couchée.


Je pousse dans le silence nocturne le Strock vers NGC2384 à 1° plus au nord-est.
Sa magnitude globale est 7.4, lui aussi est beau à 150x, tout en longueur, avec ses étoiles assez brillantes(magnitude 8.6) à
perceptibles. Sauf qu'il a la forme d'un coureur sans tête et aux larges manches. Court-il vers NGC2383 dans le même champ?


Suite logique du voyage, NGC2383 est le genre d'amas que j'affectionne plus particulièrement, partiellement résolu sur fond flou.
A 150x, qu'il est riche d'étoiles faibles à perceptibles dominées par quelques-unes considérablement brillantes (magnitude
9.8)! Sa magnitude globale est de 8.4.


Il forme vraiment un beau couple diversifié avec NGC2384.

La Voie Lactée d'hiver est dans ce ciel d'anthologie un fleuve tumultueux dont je descends les flots de nodosités pour échouer sur les rivages de la Croix du Sud, et dériver à mi-chemin du Pôle céleste Sud vers le Caméléon.
J'immobilise le télescope sur la nébuleuse diffuse IC2631, qui était un des rares objets inexplorés de cette petite constellation.
Cette nébuleuse par réflexion est évidente, le halo n'est pas aussi prononcé sur les étoiles alentours de même magnitude, de plus il est bleuté. L'étoile interne bien visible doit être sa lumière, et le miroir de la nébuleuse montre une structure en V couché, assez faible à faible avec un bord sud-est plus tranché.
Je change frénétiquement les grossissements : 150x, 109x, 75x pour en tirer le maximum d'informations.


Pour continuer dans les "restes" inexplorés de constellations, direction 3° au nord-ouest de sigma Hydri dans l'Hydre Mâle, diamétralement opposé au Caméléon par rapport au pôle sud.

Il me restait au moins un amas globulaire du Petit Nuage de Magellan à voir ici.
Ce NGC643 doit être un Vagabond de cette galaxie naine, car il est assez loin de son coeur, et reste petit à 109x, très faible. Sa magnitude est quand même de 12.0.
Un lointain cousin de NGC2419 et NGC7006 donc...


A 1h, Pierre est parti dormir, première victime du périple de la journée marathon au Gémini Sud.

Pour ma part, je continue mon petit tour des constellations circumpolaires avec des galaxies des Poissons Volants.

Le duo NGC2305 et NGC2307 visibles dans le même champ à 150x se trouve à 4° au nord ouest de delta. La première de magnitude 11.7 est assez faible, petite, facile.
La seconde est faible à très faible, sa forme est facile malgré sa magnitude de 12.0.


L'objet suivant, je l'avais déjà observé en 2006 en Namibie, mais assez rapidement.
Cette fois-ci, NGC2442, belle galaxie un peu faible à 2° sud-est de delta, me dévoile sa sinueuse silhouette de cobra dressé. Spectaculaire! J'en frissonne...
Je grossis 109x pour les spires (la plus longue est vue en vision indirecte presque en permanence) et 150x pour les nodosités.
Ce serpent céleste semble même danser par moments, mu par le vent gênant mais heureusement temporaire qui agite le tube.
Je l'observe seul à 2h30, la visite au Gémini Sud a fatigué mes 3 acolytes qui sont descendus dormir.


Je retourne vers les champs stellaires de la Voie Lactée, pour me prendre une autre claque visuelle dans la Carène.

Il était une fois une nébuleuse diffuse pas très connue, NGC3199, au nord de q Carinae et dans l'ombre de la nébuleuse êta Carinae.
Oh là, une perle méconnue! Très bien vue avec le filtre OIII à 109x, et déjà évidente et bleue sans filtre, elle arbore une structure complexe, fragmentée, réhaussée d'extensions assez faibles à perceptibles.
Sa forme en large C craquelé me fait penser à une sorte de super nébuleuse du Croissant. Quelle nébuleuse de folie! Je suis content de l'avoir fait sortir de son anonymat.


La nébuleuse suivante, Gum 29, est nettement moins flamboyante, mais dissimule un petit amas ouvert, We2, la barre serrée d'étoiles sur la gauche du dessin.
Gum 29 répond fortement au filtre OIII, facile et faible avec et sans le filtre à 109x. L'amas ouvert We2 est résolu à 218x, ce n'est pas qu'une extension diffuse de la nébuleuse contrairement à la vision à 109x.


J'oublie ma fatigue bien qu'il soit 3h30, et je continue d'explorer les volutes gazeuses dans la Carène.

Cette fois-ci, c'est une coquille de gaz doublement oxygéno-ionisé qui m'attend, à un petit degré à l'est de la merveilleuse êta Carène.
PK288+0.1, nébuleuse planétaire, est nettement moins brillante que son illustre voisine, du haut de sa magnitude 12.3.
J'ai d'ailleurs eu du mal pour la trouver. A 218x, très très faible, elle montre sa structure annulaire au mieux la moitié du temps en vision décalée sans filtration. Bizarrement, la nébuleuse est trop affaiblie avec le filtre OIII pour voir cet anneau.


Je décide de multiplier les distances par un facteur d'au moins 10000 avec les galaxies dans le Triangle austral, circumpolaire.
D'abord NGC5938 de magnitude 10.9 à 1° au sud d'epsilon, et vue à 150x diffuse, très faible.


Ensuite, le couple IC perdu entre les étoiles, IC4584 très faible à perceptible, diffuse, étendue, et IC4585 très très faible à perceptible à 150x. Toutes 2 de magnitude 12.3.


Je termine cette belle nuit (une de plus, y a-t-il décidément des mauvaises nuits sous un tel ciel?) avec une autre nébuleuse planétaire de magnitude 10.7 au sud de q de la Carène, mais nettement plus facile que PK288+0.1 malgré l'aube.
NGC3211 est repérée comme une étoile floue à 75x en réagissant très bien au filtre OIII.
J'ai grossi 343x pour voir son anneau bleuté, facile sans filtre.


6h30 à la montre, le retour aux considérations terrestres s'impose, mais j'ai l'impression de rêver éveillé ici!

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